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Louise avait disparu, un jour du mois de juin 1935, laissant deux jeunes enfants. Avait-elle fuit ou bien était-elle morte ? En tout cas, la police n’avait jamais retrouvé la moindre trace d’elle ou de son corps.

L’enquête avait été longue et pénible pour la famille. Des soupçons avaient un moment pesé sur son mari qui héritait de la fortune confortable de sa femme mais aucune preuve tangible n’avait pu le confondre. La presse s’était lassée de l’affaire et le mari avait refait sa vie. Les enfants de Louise gardaient un souvenir un peu flou de leur mère si ce n’est qu’elle était joyeuse et aimante. La fuite de celle-ci leur paraissait improbable, quelle mère pouvait abandonner ses enfants ? Mais les adultes ont leurs secrets et ils étaient bien trop jeunes à l’époque pour comprendre quoique ce soit. La guerre avait depuis laissé ses propres traces : l’usine de leur père avait été réquisitionnée par les allemands mais il avait réussi à la récupérer dès la fin du conflit et à sauver ainsi la fortune familiale. Les enfants avaient été envoyés en pension en zone libre. A la fin de la guerre, ils étaient retournés vivre dans la grande maison familiale où les rapports avec leur père étaient devenus distants. Leur belle-mère avait eu entre-temps deux enfants que le couple adorait. L’adolescence des deux enfants de Louise n’avait pas été la période la plus heureuse de leur vie.
Bien des années plus tard, à la mort de leur père, leur belle-mère, très âgée, avec laquelle ils étaient toujours en contact, leur demanda de mettre de l’ordre dans les cartons stockés au grenier et de se débarrasser des vieilles affaires. Il y avait toutes les archives de l’usine qui avait été vendue depuis, des vieux vêtements, des meubles branlants et beaucoup de cartons contenant des livres, des papiers et des photos. Il y avait beaucoup de choses à jeter, en revanche, ils conservèrent les photos pour les classer plus tard car c’était là toute l’histoire de la famille. Ils cherchèrent des clichés de leur mère mais n’en trouvèrent pas. Ils se partagèrent les photos à trier ainsi que les derniers cartons.
Un jour de pluie, l’ainé décida de s’atteler au tri et d’ouvrir les 2 cartons restants. Il y avait une boîte en acajou fermée à clé dont il força la serrure. Elle contenait une lettre adressée à leur père ainsi que quelques photos en noir et blanc prises depuis le bord du lac d’Enghien. On voyait un homme en habit et une femme élégante sur une barque. Le couple semblait amoureux, sur l’un des clichés, l’homme enlaçait la femme, sur un autre ils s’embrassaient. Une photo attira son attention plus particulièrement car la dame dans la barque regardait le photographe et semblait désemparée. Etait-ce leur mère ? Dans ce cas, qui était cet homme qui de toute évidence n’était pas leur père ? Il ouvrit le courrier nerveusement et découvrit toute l’histoire. Leur mère avait été mariée contre sa volonté car elle aimait depuis son enfance un autre homme. Il était d’ailleurs le père de son frère cadet. Lorsque ses amours secrets furent découverts par leur père, (la fameuse série de photos sur le lac), elle décida de mettre fin à ses jours pour éviter que le scandale ne vienne ternir la réputation de la famille. Avant de se noyer dans le lac, elle écrivit cette terrible lettre dans laquelle elle suppliait son mari de lui pardonner et lui demandait de chérir ses enfants qu’elle adorait.
Voici comment une simple boîte en acajou changea la vie de deux membres d’une famille honorable.

Catherine 06