211 -ème L ’Automne s’écoule avec langueur.
L’hiver a déjà la tête près du bonnet.
Saisons revisitées.
Les turpitudes du climat qui va à vau l’eau, nous offrent un automne qui se pose langoureux, infusé de senteurs et températures d’été. Automne d’opérette qui rouille à peine la forêt. Heureusement, le changement d’heure lui apporte un souffle frais et humide.
Ainsi, le matin, Il peut planter dans les bois, un décor honnête et conforme à ce que l’on attend de lui : Une légère brume stagne sur des sentiers parsemés de feuilles rousses, jaunes, rouges. Des ramasseurs de châtaignes courbés sous les ramures remplissent leurs sacs. Des cueilleurs de champignons seuls ou en couple disparaissent en catimini dans les sous-bois. Des chasseurs et leurs chiens poursuivent le gibier. Les sangliers se cachent. A la nuit tombée, ils croqueront des glands brillants comme des bonbons. Avec un mois de retard, la nature automnale est en ordre, avec sa langueur monotone, ses violons et leurs sanglots. Des champs se reposent dans une jachère bien méritée. D’autres, labourés expriment le parfum âcre de la terre besognée. Les dernières roses exhalent une fragrance troublée. Les vendanges sont achevées. On goute le vin nouveau.
L’automne n’en finit pas de s’étirer,
L’hiver, s’impatiente, enrage. Il veut absorber les heures enluminées, expédier un peu de frimas amoncelé dans ses bagages, sur l’herbe et les routes, peindre un ciel de grisaille avec des nuages tourmentés. A cause des caprices et prolongations de l’automne, il est coincé. Son alternative : jouer avec les heures de la nuit, les soudoyer, mettre en place son règne, déposer un petit matin de décembre, une pellicule de givre nouveau dont tous vont s’extasier. Les enfants ramasseront du petit bois pour faire rougir les cheminées, parfumer les maisons d’odeurs d’humus et de cuir séché. Dans la forêt, les couleurs seront de havane, de gris lavé. Le houx aura la vedette, avec ses feuilles vertes lustrées parées de perles de sang, glacées.
Profites-en Hiver, avec le printemps revisité ton règne sera écourté, tu vocifèreras, la tête près du bonnet. Zuzanna83