logo esterel

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot .

181ème :
«Tout le bonheur du monde.est dans l’inattendu. (Jean d’Ormesson)»

Retour en petite enfance...

Il y a bien longtemps, mes parents et moi nous promenions par une belle journée de printemps dans le parc des Buttes-Chaumont.

Confortablement installé dans ma poussette, je serrais dans ma main droite mon fidèle et crasseux doudou tout en suçant mon pouce. Ayant longuement et paisiblement déambulé dans les allées généreusement arborées et fleuries, et admiré la grâce des cygnes glissant sur l’eau calme du lac, nous quittâmes ce magnifique endroit pour retrouver l’agitation habituelle des rues parisiennes. Et là… catastrophe ! Plus de doudou ! Perdu ! J’en fus bouleversé, naturellement, et me mis à hurler de désespoir en versant des torrents de larmes. Mes parents, désolés, ne parvenaient pas à me consoler. Ils me promirent de m’en acheter un autre le plus vite possible, mais ça ne me calmait pas pour autant ! De toute évidence, j’étais le plus malheureux de tous les petits bouts de chou de la planète !
Soixante quinze ans plus tard j’allais rendre visite à ma très vieille tante Germaine. Je l’aimais beaucoup, et elle me le rendait bien, mais je détestais l’endroit où elle vivait désormais, un EHPAD que je trouvais sordide. Malgré son très grand âge, elle conservait toute sa tête, sa mémoire et sa joie de vivre ! Par précaution elle utilisait quand-même une canne pour se déplacer… mais elle était bien la seule personne de cet établissement à avoir gardé une autonomie certaine.
Comme toujours elle m’accueillit à bras ouverts, puis elle prit sa canne et me dit : « Allons en bas, mon grand, dans le grand salon, je souhaite te montrer quelque chose !» Dans cette grande salle je ne voyais que des personnes en fauteuil roulant, somnolant pour la plupart, ou fixant leur regard sur on ne sait quoi… Dans un coin était un vieil homme qui se dandinait sur son fauteuil en suçant son pouce… Ma tante me fit remarquer qu’il tenait quelque chose… En effet, je reconnus que tout en suçant son pouce il serrait dans sa main droite… MON DOUDOU !!! Ce dernier était encore plus crasseux et usé , mais il était bien là ! Observant cette scène totalement inattendue, je voulus tout d’abord aller récupérer mon bien, mais m’arrêtais en route, me disant que ce précieux bout de chiffon serait beaucoup plus utile à ce brave homme qu’à moi… Lui revivait sa toute petite enfance, et ça le rendait joyeux… et moi, j’étais heureux de lui offrir cette petite part de bonheur !
KD44♫