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Papa a insisté pour que je l’accompagne à Rolland-Garros. Quelque chose en moi a grincé à l’idée de regarder deux personnes s’affronter pendant une, voire plusieurs heures, tout ça pour une petite balle ! De nos jours, mon cœur est attiré par l’esprit d’équipe, l’esprit de coopération plutôt que l’esprit de compétition.

La curiosité a fini par l’emporter.

Une fois sur place, le cœur a connu un revirement. Il a oublié les considérations philosophiques et s’est laissé emporter par les mouvements de la foule. Par la danse des yeux accompagnant la balle, parfois jusqu’à la nausée, lors des échanges prolongés. Par les élans des spectateurs saluant les exploits des deux sportifs. Par les « oh », les « ah ». Par la chaleur du soleil et la ferveur des acclamations à l’issue de certains points. Oui, je l’avoue, je me suis laissée prendre au jeu, si j’ose dire, et par l’énergie collective.

Si je ne compte pas ressortir mes tennis du placard, je célèbre les moments de communion vécus avec de parfaits inconnus… je célèbre le talent inné des joueurs, mêlé à l’endurance, l’acharnement à se dépasser et tant d’autres qualités nécessaires pour en arriver à une telle maestria… je célèbre l’émerveillement que ces experts de la balle jaune ont suscité dans bien des cœurs, le mien en premier.

Cette expérience m’a aussi amené à me questionner sur la puissance de l’énergie de foule, Certes, cette énergie est bénigne et bien canalisée dans le cadre du tennis, mais il n’en est pas toujours ainsi dans tous les sports. Je prends conscience que ce facteur m’a tenu loin des matches sportifs ou des manifestations diverses où les dérives peuvent se produire.

Rendez-vous pris pour l’année prochaine.