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179e proposition C'était une lueur... Juste une lueur... « Puisque je vous dis qu’elle ne comprend pas ce qu’on dit, chef. On l’a trouvée rue Lepic, assise sur un banc près du kiosque à journaux.

Elle n’a pas de bagages, pas de papiers. Elle est assise là depuis deux jours au moins. Et personne ne la connaît ni n’a signalé son absence. Elle n’a pas l’air bien méchante mais ça dérange les riverains qu’elle reste là sans bouger, pensez donc, une vieille dame seule! » Le commissaire était bien embêté. Que faire de cette pauvre femme abandonnée tel un animal encombrant. Ca le touchait et c’est vrai qu’il ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la pitié pour cette vieille dame perdue qui lui rappelait sa grand-mère mais il était débordé et n’avait vraiment pas le temps de jouer au babysitter. « Ecoutez Martin, donnez-lui une bouteille d’eau et quelque chose à manger et contactez tous les hôpitaux, maisons de retraite… bref, suivez la procédure habituelle. » Alors que son bras droit aidait la vielle dame à quitter le bureau du commissaire, celui-ci se ravisa « non Martin, laissez là ici dans mon bureau, elle ne me dérange pas. Il fait chaud et elle sera mieux que dans la salle d’attente. » Il se concentra à nouveau sur son dossier, une affaire de vols à main armée dans le 18e arrondissement qui donnait du fil à retordre à son équipe. De temps en temps, il levait la tête pour observer la vieille femme, elle n’avait pas touché au sandwich triangle, ni à l’eau. Elle avait le regard dans le vague, elle était loin, très loin dans ses pensées. « Allons, il faut boire Madame, vous devez être déshydratée ! » Aucune réaction sauf celle de chiffonner de manière incessante le mouchoir qu’elle avait dans sa main. Il soupira et se remit au travail. De temps en temps, il réfléchissait tout haut et prenait à témoin son hôte silencieuse, lui exposant ses hypothèses et lui demandant son avis. Le temps passait, il était bientôt 17H. Aucun établissement sur Paris et sa banlieue n’avait confirmé de disparition et la malheureuse femme restait une parfaite inconnue. Le commissaire commençait à s’inquiéter, il allait devoir trouver une solution pour cette nuit. Il avait besoin d’air et ouvrit la porte de son bureau puis s’agenouilla devant elle et lui prit les mains. « Qui êtes-vous Madame? Que vais-je faire de vous ? » Elle dodelinait de la tête, l’air ailleurs et chiffonnait encore et encore son mouchoir. On pouvait entendre le brouhaha du commissariat, les injonctions de l’un, le rire d’un autre, puis soudain, une voix affolée vers le comptoir d’accueil. Le commissaire regarda la vieille femme et … c’était une lueur… juste une lueur dans ses yeux. Il se passait enfin quelque chose... Effectivement, une jeune femme était arrivée au commissariat du 18e en expliquant que sa grand-mère, présentant des signes de la maladie d’Alzheimer, avait disparu de son appartement. Elle était normalement sous la surveillance quotidienne d’une aide à domicile mais celle-ci avait fait un malaise cardiaque dans l’appartement et sa grand-mère avait certainement paniqué. Elle était sortie et s’était perdue. La jeune femme, rentrant d’un voyage professionnel de 2 jours à l’étranger, était passée voir sa grand-mère et avait découvert la pauvre aide à domicile décédée et sa grand-mère disparue. Une bien triste affaire qui finit bien malgré tout. Le commissaire ne rentra pas chez lui immédiatement. Il fit un crochet par Bagnolet et alla voir sa grand-mère pour lui dire tout le bien qu’il pensait d’elle. Catherine 06