En face de la friterie, la corbeille vomit des papiers gras chiffonnés, des serviettes mises en boule, jetées là. Celui ci juste froissé est tombé au sol. La feuille est dans ma main, un brouillon de lettre sûrement.
« Bonne journée … enfin tu feras comme tu peux. Trop lucide pour espérer. Ce matin est un début opportun. Les cafés sont des espaces d’observation et de liberté «
Des ratures, quelques traits dessinent des fleurs.
Au moment où je remets le papier dans la poubelle, une silhouette se précipite pour me reprendre le papier. La jeune femme me bouscule, et se dirige dans la boutique. Elle demande un cornet de frites, sans payer elle sort alors qu’on lui réclame 3€, je règle pour elle. Dehors, elle m’attend en grignotant ses frites, je lui propose d’aller en terrasse boire un café pour nous réchauffer. Elle me suit sans un mot. Elle veut un chocolat chaud, et surtout pas me raconter sa vie, j’acquiesce de la tête. Pas de problème, je veux juste lui dire que j’ai aimé les quelques lignes écrites sur le papier. Si elle veut, je peux la retrouver pour qu’on discute un peu, et partager une boisson chaude. Ici ou ailleurs dans Paris.
C’est d’accord dit elle, métro Odéon !
Voilà comment nous avons commencé une amitié distante. Sans la contraindre, afin que sa liberté soit entière.
Sylvia 83