214 -ème proposition. « L’île au trésor », ça fait rêver.
Comment voyez-vous la vôtre ?
Mon île.
Au fond du jardin, coule un ru, bouillonnant au printemps, maigre filet d’eau l’été, résurgent en automne et placide l’hiver. J’entends sa musique vive ou paisible dans la maisonnette en bois où j’aime trouver refuge pour me soustraire aux agacements de la vie.
Cette cabane est mon île, mon antre. Edifiée, il y a des lustres, sur l’unique mamelon du terrain, elle surplombe la vallée. Bâtie en bois exotique, elle a blanchi face aux intempéries. Au printemps, j’y rêvasse en assistant à l’éclosion de la nature. Le soleil échauffe les murs en rondins, en y appuyant mon corps, je sens leurs craquements d’aise.
Sur l’autre rive du ru, les chœurs de gazouillis d’oiseaux s’éclatent dans la pommeraie d’un vert neuf et tendre. A la saison des amours, les grenouilles et crapauds assourdissent l’endroit et leur volent la vedette. L’été, le cabanon exploite l’ombrage des noisetiers. La porte et la fenêtre restent ouvertes et j’admire le camaïeu des verts du bocage normand, Je m’assois sur le banc accolé à la cabane avec un livre. Ma présence ne dérange pas du tout les écureuils qui font rouler les noisettes en tas ramassés au fur et à mesure. J’aime contempler ce paysage pérenne, au fond, le village immuable autour de son église, gardienne d’une époque révolue. Des lièvres s’aventurent avec leur petite famille au bord du ruisselet, ainsi que des garennes, des faisans, en automne, une biche perdue traquée par des chasseurs. L’hiver, Je suis pelotonnée dans le vieux fauteuil d’osier, garni de coussins moelleux. J’active les buches dans le poêle à bois qui exhale sa fumée par le tuyau cheminée qui embaume les alentours. Je lis, j’écris, je classe les livres échus sur les trois étagères de guingois., j’en apporte des nouveaux. L’eau chauffe pour le thé. A travers la vitre, les arbres se dénudent, le ciel gris est bas, pourtant rien n’est triste, c’est une période de repos, de gestation de réflexion.
Combien de temps garderai-je ce repaire enchanté ? En raison du changement climatique, J’appréhende la venue d’une tempête sorcière au doux prénom féminin qui me le ravira sans crier gare, dans l’instant. Zuzanna83