« Ne pas toucher – Danger », tel était le message inscrit sur un papier placé sous la bague que je venais de trouver tout au fond d'un tiroir que je venais de crocheter.
Tout d’abord étonné, je me suis mis à rire. Franchement, qu’est-ce qu’ils n’allaient pas chercher, là. Comme si un simple bout de papier pouvait m’empêcher de voler une bague. Je la pris et la mis dans mon sac à dos avec les autres bijoux. Il ne fallait pas traîner, six minutes à l’intérieur, pas une de plus, c’était la règle pour éviter les ennuis. Je sortais donc rapidement par l’arrière de la maison cossue que je venais de « visiter » et rejoignais au pas de charge mon scooter garé deux rues plus loin.
La journée avait été bonne. Sur les deux maisons visitées, j’avais récolté environ 5000€ en espèces et quelques belles pièces à revendre. Il fallait cependant être prudent avec les bijoux, certains étaient connus et fichés. Les flics surveillaient les échanges sur le dark web et pouvaient remonter toute la filière. Je décidais de me tenir à carreau quelques temps, ce qui me permettrait de faire les recherches nécessaires.
Les jours qui suivirent ne furent pas très agréables, j’étais mal fichu, au point de rester au lit. Au bout de trois semaines, j’ai dû aller aux urgences car je souffrais terriblement de douleurs abdominales. Je restais en observation plusieurs jours et j’eus droit à toute une batterie d’examens. Mais, les médecins ne trouvant rien me renvoyèrent chez moi. J’étais fatigué, vidé et dépité. Je me remettais tant bien que mal et j’en profitais pour commencer mes recherches sur les bijoux que j’avais volés, il y a plus d’un mois. A priori, seuls 3 bijoux étaient côtés, dont la fameuse bague « dangereuse». Je la regardais en détail. Elle était spéciale je dois dire avec son anneau épais et sa pierre qui avait une forme curieuse et une couleur étrange. J’essayais d’en savoir un peu plus et j’apprenais qu’elle appartenait à un certain Jean Jédago, avocat de son métier au Vésinet. Il avait porté plainte suite au cambriolage mais n’avait pas déclaré le vol de cette bague… Pourquoi ? Tout ceci était bien mystérieux. J’essayais d’en savoir un peu plus sur le bonhomme et tapais « Jédago » dans la barre de recherche Google. Et là, je ne fus pas déçu. Des Jédago, il n’y en avait pas cinquante, il y avait qu’une : une certaine Hélène Jédago, connue pour avoir été la plus grande empoisonneuse de l’histoire. Elle a été guillotinée le 26 février 1852. On a dénombré plus de 30 victimes : des hommes, des femmes et même des enfants ! Pendant 18 années, elle a sillonné la Bretagne au gré de ses emplois successifs en tant que de cuisinière. Aucun soupçon n’a pesé sur elle toutes ces années jusqu’à son dernier employeur qui l’a confondue et fait autopsier ses victimes qui s’avérèrent avoir été empoisonnées à l’arsenic.
Une effroyable idée commençait à germer en moi. Et si Jean Jédago était un descendant de l’empoisonneuse ? Et s’il avait reçu sa bague en héritage? Et si cette bague était maudite, cela expliquerait son message sur le papier dans le tiroir ! Et s’il y avait un lien entre l’arsenic et mes maux de ventre incompréhensibles ? Mon cerveau continuait à mouliner sec… Avouez qu’elle est quand même dingue cette histoire, non ?
En tout cas, pas question de garder cette maudite bague, je l’emballais aussitôt et l’envoyais en colissimo à son propriétaire. Et hop, retour à la case départ ! J’imagine sa tête en ouvrant le colis ! « Non pitié, pas cette bague ! »
Ceci étant dit, peut-être m’étais-je fait un film mais deux jours plus tard, mes douleurs abdominales cessèrent. Allez comprendre !
Catherine 06