Il y a des cages qu’on voit, et d’autres qu’on porte comme des boulets. Celles avec des barreaux et les cloches de verre invisibles qui nous entourent. Nous pensons être libres et traînons ces dernières comme un vieux sac trop lourd, que l’on ne voit même plus. Certains prisonniers sont plus libres que nous, à l’ombre de leur prison. Ils connaissent le poids des portes closes, mais peuvent encore rêver de la rosée du matin et du vent sur la nuque. Ils savent que d’autres sont enfermés sans barreaux, sans gardien, dans des vies trop petites.
L’écolier regarde par la fenêtre : là-bas, le marronnier en fleur, la belle lumière d’avril, et le ciel qui s’effiloche parsemé de nuages blancs. Il rêve de courir, de grimper, de fabriquer une cabane. Il sent déjà qu’un jour, il sera bâtisseur. Cela le rend libre, bien plus que la sonnerie sonnant la fin des cours. Si la maîtresse le prend pour un cancre, cela l’affecte sur le moment mais il sait où il va et trouvera d’autres guides vers son destin.
Dans certains couples, les barreaux sont des bras qui retiennent trop fort, ou pas assez. Il est si difficile d’être liés sans s’étouffer. Mourir d’amour enchaîné, comme dans la chanson, ce n’est pas vivre. On croit tenir à l’autre, mais on l’empêche juste de respirer. C’est le syndrôme des hérissons, ni trop près, car ça pique, ni trop loin pour ne pas avoir froid. Ce ne sont pas les cages dorées qui font chanter les oiseaux, mais la nature tout autour.
Et puis il y a les chaînes dont on n’a même pas conscience et dont une simple rencontre peut nous libérer. La femme battue qui trouve protection au sein d’une association bienveillante. Tous ceux qui s’autorisent une activité nouvelle : chanter au sein d’une chorale, participer à un club d’écriture, apprendre un instrument de musique, voyager, peindre, s’évader en somme. Tu penses attendre la retraite ? C’est aujourd’hui le bon jour pour voler.
Ouvrir la cage aux oiseaux, ce n’est pas seulement leur dire : « Allez, volez ! », C’est aussi arrêter de construire des cages autour de soi et des autres. C’est laisser entrer le vent qui montre un autre chemin, encourager les initiatives, créer des espaces de rencontres, d’où personne n’a besoin de s’évader. Comprendre la liberté peut commencer par une fenêtre ouverte et un regard bienveillant.
NICOLAS des Adrets
