196 -ème proposition. Le hall de l’aéroport est bondé. Ça ne va pas être facile de retrouver….
LE SAUMON.
Je suis à l’aéroport. Mes amis vivant à Oslo arrivent aujourd’hui, veille du nouvel an. Dans le hall bondé, des touristes japonais en grand nombre, occupent le moindre espace. Je zigzague parmi cette foule vers le panneau d’arrivée des vols.
Leur avion vient de se poser. Je slalome pour rejoindre la porte d’arrivée. Je scrute les visages des voyageurs qui en sortent. Je ne les vois pas. Je file en direction de la sortie piétons. Je me faufile avec difficulté dans ce flot humain qui se croise, se bouscule. Compressée, jouant des coudes, je réussis à m’infiltrer dans une brèche inopinée qui me catapulte au dépose minute. Enfin, je les vois, assis tous les deux sur un banc. Nous nous étreignons heureux de nous retrouver. Mon amie me montre un paquet longiligne, emballé soigneusement :« un saumon fumé, tout droit venu des fjords magiques que nous allons déguster ce soir, il a voyagé en soute le pauvre» explique- t-elle. Je fais référence au livre humoristique de Umberto Eco « Comment voyager avec un saumon ». Nous rions, Je vais chercher ma voiture, nous chargeons les bagages et partons.
Nous discutons de la Norvège. Je m’apprête à prendre l’autoroute lorsque mon amie s’exclame : « le saumon ! je l’ai laissé là-bas » ! Je fais demi-tour. Devant le banc où ils étaient assis, tout à l’heure, un commando de gendarmes armés, casqués, en tenue de combat, tiennent en joue le paquet. Mes amis se précipitent et parlementent avec la marée chaussée et les démineurs. Ils leur expliquent ce que contient le colis, « c’est seulement un saumon pour le réveillon » plaident-t-ils. « Nous sommes en plan vigie pirate » rétorquent les gendarmes. « Tout paquet abandonné doit être détruit et la forme de celui-ci peut prêter à confusion » Ils vérifient les billets, les papiers, nous fouillent ainsi que ma voiture mal garée. Notre sincérité et la facture du poisson ont conforté nos dires. Les vérifications d’identités confirmées, nous récupérons l’objet du litige et partons rapidement, libérant la file impatiente des véhicules et leur concert de klaxons.
Dans la voiture, nous discutons tant et tant que nous ratons trois sorties d’autoroute successives dans une allégresse insoucieuse. Le réveillon fut très joyeux, le saumon norvégien savouré et d’autant plus apprécié qu’il a failli être désagrégé et finir en rillettes. Zuzanna83