199ème :
« Le gang des tricoteuses...»
Le petit cochon de lait.
Assises en rang d’oignons à l’ombre des grands platanes bordant la célèbre Place des arènes, nos mégères, quelque peu grassouillettes, croisent allègrement le fer de leurs aiguilles à tricoter tout en jacassant sans aucune retenue.
« Ve ! » dit l’une, la plus grosse, avé l’accent et sa gouaille typiquement régionale… « Regardez-moi ces fadas ! On dirait des crapauds devant une boîte d’allumettes ! Ils ne savent rien faire d’autre que de jouer toute la journée à la pétanque et siroter leurs verres de pastis ! » Un fou-rire s’ensuit… « et nous, pendant ce temps, on leur tricote gentiment des protège-boules ! » Hilarité générale...« Vous croyez qu’il leur viendrait à l’idée, à nos hommes, de nous aider à faire la soupe au pistou ou la bouillabaisse ? la vraie !!!… pas celle que les restaurateurs servent sur le vieux-port aux touristes qui n’y connaissent rien ! Nous, au moins, on sait la faire, la bouillabaisse, peuchère ! »
Au beau milieu de la place leurs maris sont complètement désemparés… ils ne trouvent plus leur cochonnet ! Ils ont vraiment les boules !
Une autre bonne-femme, guère plus discrète que la précédente, lance en se tordant les côtes : « Ils se demandent bien où il est passé leur petit cochon de lait ! Si seulement ils savaient... »
L’un d’eux, rouge de colère sous son chapeau de paille effrangé, le ventre gonflé comme un ballon de baudruche, hurle qu’il va porter plainte ! Il vient de découvrir une lettre anonyme, faite de caractères découpés dans un journal, demandant une rançon. - SI VOUS NE METTEZ PAS LA MAIN Á LA PÂTE POUR AIDER VOS FEMMES Á LA CUISINE VOUS NE RETROUVEREZ JAMAIS VOTRE COCHONNET !
Chantage ! Il en a le cœur fendu, le pauvre Marius... Une vraie honte.
César, encore plus bedonnant, apostrophe le pandore qui passe dans les parages, sans se presser. « Eh, gendarme ! Viens donc ici ! nous allons t’expliquer le scandale !!! »
S’épongeant le front sous son képi, le policier s’approche, peu motivé, mais lit la lettre et constate l’absence du cochonnet. Malin comme tout, il dit : « Oh, bonne-mère !!! on voit tout de suite d’où ça vient ! Je vais vous le retrouver rapidement, moi, votre précieux cochonnet ! ce n’est pas grave ! Mais il faut juste que vous fassiez un petit effort, et acceptiez d’abord sans condition ma proposition, à savoir m’inviter régulièrement à boire le pastis en votre compagnie, et à déguster chez vous une bonne bouillabaisse confectionnée avec amour par vous-mêmes et vos épouses !»
KD44♫