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« Deux arbres côte à côte voûtés ,soutenus par des siècles de complicité ombrent le terrain
La mèche dans les yeux et la nuque dégagée l’adolescent se consacre avec application au travail de nettoyage Il dégage les bordures puis rapproche le sable vers le centre avant de l’étaler consciencieusement en un tapis sans faille.


Il a la responsabilité du terrain de boule du village
Le premier week-end d’Aout le concours de pétanque est UN événement.
Du coin de l’œil il reconnaît les escarpins ridés les robes longues fanées et les gestes mille fois refaits par ces dames du Club des Tricoteuses Elles ont pris racine à quelques coudées de là rassemblées par une fâcherie ancestrale
Leur conversation tourne très peu autour de leur ouvrage La laine monte régulièrement sur les aiguilles pendant que leur langue essaye « d’en placer une »entre prières et chuchotements
Hochant la tête la doyenne reconnaît cette dernière proposition intéressante :
-Comme elles n’obtiendront jamais l’espace sous les deux hêtres elles décident de kidnapper le cochonnet des boulistes et quant à faire demander une rançon
Pas d’affolement
Elles attendront le bon moment !
Le hasard voulu que ,quelques jours plus tard lors d’une partie la petite boule verte se perdit dans les herbes et resta introuvable
De jour en jour le mystère s’épaissit
Bien sûr que tout le monde est au courant du crime du gang des tricoteuses mais sans preuve on ne peut rien prouver !
Les services de police appelés en renforts, après de nombreux interrogatoires durent passer à la fouille au corps
Les habitants s’insurgèrent contre cette façon de faire et se mirent à soutenir le clan féministe car depuis des mois les tricots contribuaient à l’embellissement de la rue principale vouée à une mort prochaine,les commerces fermant les uns après les autres …..
Une barrière habillée d’une bande au crochet côtoie un tronc d’arbre entouré d’une chaussette multicolore et des pompons pendent aux branches ….

Le concours approchant les joueurs pris de panique retirèrent leur plainte et rachetèrent un nouveau cochonnet

L’histoire pourrait se terminer là mais les tricoteuses n’avaient pas dit leur dernier mot :
-elles voulaient leur place à l’ombre

Lors de son passage dans la région et amusée par l’histoire cocasse Ann Hood sorti un livre :
« Le cercle des tricoteuses »
qui remporta un tel succès que le patelin devint célèbre,que ces dames eurent droit à un emplacement spécial avec végétation en prime

Qu’est devenu le cochonnet ?
Plusieurs années plus tard un voyageur en promenade dans ce lieu -dit reçu sur la tête une petite boule verte échappée d’une bourse en laine fixée au plus haut d’un des hêtres »
Fin
Claude CAQUERET