236ème :
Le bénitier de Koa...

Comme chaque nuit en cet été caniculaire, j’avais dormi la fenêtre grand-ouverte.
Le petit matin m’apportait un air légèrement plus frais, revigorant, ainsi qu’à mes oreilles les coassements des grenouilles du parc de la crapaudine, à quelques mètres de chez moi.

Je m’habillais et allais jusqu’à la mare de ce joli jardin romantique.
Les maisons alentour étaient encore endormies, j’étais seul et goûtais le charme de ce petit coin de paradis. Les plantes et fleurs, leurs parfums, se réveillaient tout doucement à la lueur des premiers rayons de soleil, les poules d’eau grappillaient tout ce qui leur plaisait au bord de l’eau, les grenouilles faisaient leurs vocalises avec ferveur… La nappe d’eau était lisse et brillante comme un miroir, traversée par les joncs parfaitement droits, abritant la chorale des nombreux amphibiens.
J’y cherchais mon amie, ma chère et belle Koa, adorable grenouille qui sautait de joie dès qu’elle me voyait. Je la trouvais enfin, mais à l’écart des autres, dans une sorte de petite trou d’eau à part, au calme… elle reposait sur une feuille de nénuphar… lorsqu’elle me vit elle poussa son chant guttural et se plaça sur le bord de sa petite cachette.
« Mais, Koa, que fais-tu ici, toute seule ? au lieu de travailler ta voix au milieu de ton groupe vocal ? »
« Aucune envie… suis mieux ici… au moins j’ai la paix ! »
« Oh ! mais tu n’as pas le moral, aujourd’hui ! que se passe-t-il ? »
« Eh bien… quand j’ai trouvé cette petite loge personnelle, toutes mes congénères se sont moquées de moi »
« Ah bon ? pourquoi donc ? »
« Elles m’ont rejetée du groupe, me traitant de… de … de… »
« De quoi, Koa ? »
« De grenouille de bénitier !!! »
Et elle éclata en sanglots.
KD44 ♫