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177ème :
«Je trouvais tout au fond d’un tiroir une bague...»

L’ÂNE HAUT !

Fouillant dans le tiroir de la vieille table de nuit dont je vous ai parlé la semaine dernière, je trouvais tout au fond, posé sur un carré de papier d’un blanc jaunil un anneau quelque peu original !

Je n’en avais encore jamais vu de pareil… Il avait la forme d’un large losange, ce qui m’intrigua beaucoup, c’est plutôt inhabituel pour un jonc, ne croyez-vous pas  ? et sa couleur d’un rose flashy me sauta aux yeux avec une certaine agressivité. Mais le plus étrange était que l’une des pointes de cette figure géométrique supportait un piédestal sur lequel un animal tenait en équilibre sur ses deux pattes avant, les deux arrières étant levées haut, comme s’il dansait, mais qui me paraissaient quand même un rien menaçantes… Ses grandes oreilles pointues balayaient le socle… Je remarquais qu’il s’agissait d’un âne ruant !
J’imaginais la difficulté de porter un telle bague... Quel doigt pouvait s’y adapter ? Comment mettre un gant ? Je me demandais quelle personne, jadis, aurait pu se parer de ce curieux bijou … Ma grand-mère ? Ma mère ? Une invitée à qui la chambre avait été prêtée ? Mystère...
En y regardant de plus près je devinais à l’intérieur de l’anneau une inscription gravée en italique dans le métal : Ne me bâtez pas, surtout, car je suis l’âne haut ! Celui qui vit dans la montagne et qui souhaite qu’on lui fiche la paix !
Précieuse mise en garde de sa part… serait-ce pourquoi il ruait? par précaution, sans doute...
Cette incroyable découverte me remit en mémoire cet âne paisible, doux comme un agneau, qui passait toutes ses journées à l’ombre du châtaigner de notre jardin, dans ce joli petit village médiéval perché au cœur de la haute-Corse, où nous profitions agréablement de nos vacances, dans le calme et les subtiles senteurs chaudes de la garrigue. Lui, tout peinard, adorait que nous allions le voir, le cajoler, lui parler doucement à l’oreille en le flattant, en caressant son nez, tandis qu’il se gavait tranquillement des belles mûres noires du grand roncier.
Je compris alors que cet « âne haut » avait appartenu à ma grand-mère, et qu’elle le portait sûrement afin que les paysans du coin fichent la paix à son équidé préféré  et protégé !
KD44♫