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216 -ème proposition. La maison gardait les volets clos. Il ne les ouvrait que quelques jours par an. Dans le pays, il se disait…

La maison aux volets clos.

La rumeur dit que Paul est devenu un homme d’affaires qui court après le temps. La maison dont il a hérité de sa grand-mère n’est plus sa priorité.
Autrefois, après avoir re looké tout l’intérieur, il y passait l’été avec quelques amis, se ressourçait, jardinait.

A cette époque les volets furent peints en bleu vif. La lumière du soleil irradiait ce bleu et donnait une opalescence magnétique aux pierres. Le jardin de curé était entretenu par une personne du village. Nimbée par un écrin de verdure et de fleurs, la maison était coquette et apaisante, les gens s’arrêtaient pour l’admirer.
Aujourd’hui, elle s’étiole. La peinture des volets craquelle. Le lierre se colle aux murs, l’empêche de respirer. Le jardin est envahi de ronces et d’herbes folles. Le jardinier a abandonné le travail, il n’est plus payé. Le portail en bois est abîmé. Les jours de tempête, il grince et gémit avec des plaintes humaines. Le vent en profite, le claque, le torture, casse ses lattes.
Désolée de cette déchéance je décidais de l’acquérir avec l’aide d’un agent immobilier. Paul fut contacté et donna son accord pour la mettre en vente. L’intérieur était humide, froid fantasmagorique avec les draps enveloppant les meubles mais l’atmosphère offrait un bien-être auquel je ne m’attendais pas. La maison révélait son âme. J’allais être heureuse ici. Je m’y projetais, me voyais sur la terrasse l’été, devant la cheminée l’hiver. Mais rien ne se passa comme prévu. Paul avait une fille qui voulut faire de cette maison une résidence secondaire. Ma déception fut amère.
Je visitais d’autres maisons aux volets clos mais d’aucune n’émana l’énergie vitale et envoutante que j’avais perçue.
On m’a dit que de nouveau, elle a les volets clos ? Zuzanna83