Il était rentré, avait accroché son pardessus, allait se servir un verre, lorsqu’il se rendit compte qu’un rai de lumière apparaissait sous la porte de sa chambre.
Lui, si scrupuleux sur les économies d’énergie, s’étonna d’avoir fait un manquement à cette discipline draconienne qu’il s’était fixée. Mais bon l’erreur étant humaine, il actionna l’interrupteur.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il pénétra dans la chambre. Une forte odeur d’alcool embaumait l’atmosphère et sur le lit, un homme, couché sur le dos, les bras en croix tout débraillé, la bouche grande ouverte. Il ronflait très bruyamment provoquant un bruit insupportable.
La situation était burlesque. Il était médusé, comment avait-il pu rentrer…. et surtout, que fallait-il faire ?
Fallait-il le réveiller ? le rendre inoffensif en l’attachant sur le lit, ou appeler la police ?
Etant un grand lecteur de romans à suspense et écrivain amateur dans ses loisirs, il décida de l’attacher afin de le rendre totalement inoffensif pour le questionner ensuite. Ainsi, Il allait devenir acteur de sa propre œuvre, tout un scénario à succès probant.
La neutralisation fut un jeu d’enfant. Il était tellement bourré que son corps était mou comme du chewing-gum. Sous des mètres de sparadrap, le voilà embaumé et neutralisé. Mais le fait de l’avoir manipulé, il s’était un peu dégrisé et un premier euh sortit de sa bouche, suivi d’un autre et d’un autre. Son corps se crispa et se détendit plusieurs fois. Ses yeux s’ouvrirent, il grogna, puis vociféra bruyamment en manifestant sa colère.
Heureusement qu’il était ficelé comme un rôti.
Après un bon bout de temps, le grand nerveux s’apaisa et un dialogue s’instaura
- Que faites-vous dans mon lit ?
- Je ne me rappelle de rien …
- Comment rien, vous êtes bien rentré ?
- Ah oui, par la fenêtre, d’ailleurs j’ai eu du mal à pénétrer tellement j’en tenais une…. Et puis je suis tombé dans les pommes …
- Mais vous ne vous êtes pas aperçu que vous n’étiez pas chez vous ?
- Oh vous savez, il y a un mois que je n’ai plus de chez moi, étant devenu chômeur …
Par ces paroles de misère, l’intrus devint une victime et sa situation morale changea la perception de la situation. Il fut débarrassé de ses entraves et après une poignée de mains échangée, un gros sandwich et un kil de rouge empochés, il retrouva la liberté dans son monde des démunis
Sujet 224…………griserie………….André…………..31510………..…Labroquère