logo esterel

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot .

206ème :
«Incantation au vent qui est tombé...»

Grève  !

Mais quelle envie ai-je de souffler enfin ! J’en ai vraiment marre… je suis É-PUI-SÉ  !!!


Le grand patron m’a appelé, très surpris de voir mon bureau vide. Il m’a littéralement aboyé dessus : « Éole, mais que faites-vous donc ? Vous avez du travail ! Que se passe-t-il ? »
« Il se passe, Monsieur le Président, que j’ai décidé de faire grève. La tâche que vous m’avez confiée est beaucoup trop lourde pour une seule paire de poumons. J’estime que les autres dieux, qui se tournent les pouces sous vos yeux, pourraient faire un petit effort pour m’aider un peu à réaliser ce que vous souhaitez , non ? Alors, seul contre tous, je ne soufflerai plus du tout tant que ma situation ne changera pas ! »
« Mais, Éole, si je vous ai confié cette mission c’est que vous avez un coffre à toute épreuve ! Là, vous paralysez le monde entier ! C’est insupportable, irresponsable, plus rien ne fonctionne ! »
Il était furieux… Je lui répondis : «C’est le but d’une grève ! Je souhaite que vous cédiez et changiez les choses ! J’ai pris conseil auprès du syndicat des divinités et résisterai aussi longtemps qu’il le faudra ! »
En effet, les nuages dans le ciel s’étaient arrêtés, figés, sans aucun vent les pales des moulins étaient désespérément immobiles. Impossible de fabriquer la farine… par conséquent plus de pain… La famine guettait... Les branches des arbres, les fleurs, les épis de céréales, baissaient lamentablement la tête vers le sol brûlant… Les oiseaux ne chantaient plus, les animaux et humains se confinaient, les voiliers étaient bloqués au milieu de la mer inerte… Tout était comme mort !
Soudain, le grand patron changea de ton… doucement il m’implora : « Mon excellent et bon Éole, je vous en supplie du fond de mon cœur, reprenez votre activité, vous êtes le meilleur ! Je double votre salaire, vous accorde dix semaines supplémentaires de congés payés et nomme auprès de vous un assistant qui prendra systématiquement le relais durant vos vacances. Ainsi le continuum de votre précieux souffle sera toujours garanti, et la planète retrouvera sa vie normale.  Acceptez, je vous en prie»
« Habituellement c’est plutôt vous que nous prions… Enfin… Bon, votre proposition me convient. Je vais reprendre mon poste et vous remercie de votre confiance »
Le lendemain matin, les nuages reprirent leur danse, la mer retrouva ses jolies vagues, les voiles des bateaux se gonflèrent et entraînèrent les embarcations, sur la terre les oiseaux se remirent à chanter et à voler, les arbres et épis de céréales se redressèrent, les animaux sortirent de leur torpeur et gambadèrent joyeusement dans toutes les directions, les meuniers sautaient de bonheur en voyant les ailes de leurs moulins tourner à nouveau… la vie reprenait dans la liesse générale…
J’avais eu gain de cause et en étais extrêmement fier !
KD44♫