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SUJET 236
La grenouille en équilibre sur une feuille de nénuphar, me raconta une drôle d’histoire.
<< Hier, j’étais à la même place sur cette feuille de nénuphar et j’ai vu au fond de l’étang une forme de couleur rouge qui ressemblait à un insecte.
Curieuse comme une pie, j’ai plongé pour l’attraper et au moment où je le saisis, un hameçon se planta dans ma gueule, suivi d’une forte secousse qui me projeta sur la rive. A peine atterrie, deux grosses mains, me happèrent et me mirent dans une nasse.


Ma surprise fut grande de retrouver des consœurs qui, comme moi, avaient été leurrées par un morceau de chiffon rouge. Cet attroupement me mit la puce à l’oreille sur nos destinées. Nous allions être réduites de moitié, pelées et frites pour terminer en cuisses de grenouille à la meunière.
Il fallait réagir et je tins une assemblée extraordinaire qui déboucha sur un mouvement de colère et l’élaboration d’un plan Orsec d’évacuation. Il consistait à ronger la trame des fils de jute de la nasse jusqu’à l’ouverture d’un orifice.
Chacune se mit au travail et en deux temps, trois mouvements, le trou était fait et nous prenions la poudre d’escampette, heureuses d’avoir échappé à la dissection.
Contentes, du tour de force produit, nous nous sommes retrouvées toutes sur la feuille de nénuphar à quelques mètres de notre bourreau en restant silencieuses.
Lorsqu’il sortit sa nasse de l’eau, dépourvue de grenouilles, il vociféra de la voir vide et la balança rageusement au loin.
Il n’en fallait pas plus pour que notre dégoût envers cet homme se transforme en haine. Mais que faire devant cette masse de chair……
La réponse vint, de l’une d’entre nous, >>
>> On va lui sauter dessus toutes en même temps et se sauver aussitôt >>
<< Nous le fîmes, bonds après bonds on était sur lui et on recommençait l’attaque comme une escadrille sur l’ennemi.
La stratégie devint payante, car notre bonhomme s’agitait dans tous les sens sans toucher l’une d’entre nous. Il était ridicule avec ses moulinets de bras qui brassaient du vent.
Au bout d’un moment, Il dut en prendre conscience, car il se leva précipitamment et s’enfuit à grandes enjambées.
Ce soir à sa table, il y aura la soupe à la grimace …….
La grenouille termina son long monologue en prononçant cette phrase ;
>> J’ai pris un immense plaisir à te raconter mon histoire et pour cause, je respire encore.>>

Sujet 236……….grenouilles vivantes…………André……………31510……..Labroquère