230 - FAUT PAS NOUS PRENDRE POUR DES POTICHES ! Avant d’accrocher le tableau dont je venais d’hériter, j’enlevais la couche de poussière qui le recouvrait et le scrutais. Pas vraiment un cadeau cette peinture. Je vais hélas devoir vivre avec, obligé de respecter les dernières volontés de tante Léonie et de le suspendre au-dessus de la cheminée du salon !
Dans un vase gris, sur fond blanc, des fleurs penchaient la tête désespérément. En m’approchant j’entendis l’une d’elles murmurer. « Bah ! Inutile de nous mettre sur notre 31, personne ne nous regarde plus ! De plus, serrées comme des sardines, c’est l’asphyxie ! Et je parie qu’il n’y a plus une goutte d’eau dans le vase depuis le temps ! »
Non je ne rêvais pas, c’est à moi qu’elle s’adressait et à l’évidence l’eau s’était évaporée. En hâte je remplis mon arrosoir et en versai une bonne rasade.
Les tulipes, d’un teint jaunâtre, brusquement, prirent des couleurs éclatantes. O miracle, les feuilles délavées se mirent à reverdir. Un brin de mimosa, à l’étroit dans le vase, gigotait pour sa survie. Une marguerite s’étira en soupirant d’aise, un glaïeul égrillard vola au secours d’une pivoine qui, la pauvre, tournait de l’œil. Il y mettait tout son souffle et tout son cœur pour la ranimer.
Un tableau vivant ! Tout le contraire d’une « nature morte » !
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PS : J’espère que vous n’avez pas cru un instant que les fleurs parlaient ! Regardez le calendrier : Poisson d’avril !
CHRIS83