218ème :
«Imaginez un Noël ancien...»
Au tout début du vingtième siècle...
Née en 1890, je suis la toute dernière d’une fratrie de onze enfants.
Ce matin, au réveil, je fête Noël, comme chaque année depuis dix ans, auprès de mes parents et frères et sœurs, dans une ambiance certes très modeste, mais en même temps aimante et chaleureuse.
Tout se passe dans la grande cuisine-salle-à-manger de notre ferme de Corrèze, qui possède la seule et immense cheminée de la maison et bénéficie de la présence réchauffante et fortement odorante de l’étable, accolée à la paroi de planches de bois plus ou moins disjointes séparant les deux pièces, où notre troupeau de vaches est soigneusement mis à l’abri des frimas de l’hiver !
Il fait si froid dehors… et la neige est abondante !
Nous sommes tous réunis, émerveillés devant le petit sapin que notre père est allé couper dans la forêt quelques jours auparavant. Nous l’avons tous ensemble décoré comme nous le pouvions, avec les moyens du bord, et nous en sommes très fiers ! Il sent si bon ! et nous le trouvons magnifique !
Sous les plus basses branches, à son pied, treize paires de sabots de bois sont soigneusement alignées, et, comme par magie, chacune est remplie d’une orange et d’une petite part de pain d’épices !
Depuis l’âtre les flammes éclairent doucement ce beau spectacle, Nous sommes aux anges.
Sur un coin du buffet nous avons installé une crèche, avec des santons vieux de je ne sais combien de décennies… Tout y est. Maman a allumé une grosse bougie devant, et l’on peut voir distinctement les personnages qui nous ravissent, et le petit Jésus qui nous tend les bras.
Les figurines sont toujours aussi belles, pas délavées, celles des rois mages brillent toujours de mille feux, et l’on croit entendre le son des instruments résonner joyeusement et emplir notre maison de leur dansante harmonie.
Quelle belle et inoubliable fête ! Un jour, peut-être, l’un de mes petit-fils vous parlera-t-il de tout ce qu’il aura entendu et appris de ces si belles joies de mon enfance … ...
KD44 ♫