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195ème :
« Vous recevez une carte postale.»

Au gré du vent...

Il fait très beau ce matin… et du jardin émanent de délicieux parfums.
Je prépare tranquillement mon petit déjeuner dans la cuisine avant de le transporter sur ma terrasse inondée de soleil.

Les oiseaux s’en donnent à cœur-joie, chantant leur bonheur dans toutes les tonalités. Plus loin, l’océan se meut paisiblement… quelques mâts se balancent lentement… quel joli spectacle ! Un vrai décor de carte postale.
Levant la tête vers le ciel, respirant avec joie cet air pur et bienfaisant, je vois dans l’azur danser gracieusement un objet inattendu qui descend progressivement jusqu’à se poser en douceur sur la pelouse. Intrigué je me dirige vers ce que je prends tout d’abord pour un bout de carton,
Que vois-je ? Une vieille, très vieille carte postale en noir et blanc, représentant une rue centrale d’un petit bourg bordée de boutiques à l’ancienne devant lesquelles les commerçants, habillés de leurs tabliers, posent crânement sous les enseignes pour la photo. Je retourne la carte et là… surprise ! Cette carte est envoyée à mes parents, décédés depuis déjà de nombreuses années, de la part de mes grand-parents. Un vieux timbre comme on n’en voit plus, à moitié couvert du gros tampon noir de la poste d’antan, trône au-dessus de l’adresse qui n’est autre que la mienne, puisque je vis désormais dans la maison familiale. La date d’envoi indique… 1924 ! Il y a cent ans !!! J’imagine ce qui a dû se passer : le facteur de l’époque, faisant sa tournée en s’arrêtant dans chaque maison pour boire un bon coup de pinard et discuter le bout de gras, avait laissé sa sacoche ouverte. Une forte bourrasque emporta la carte. Il avait bien tenté de courir après, mais les effets des nombreux canons ingurgités et la puissance de la tempête firent qu’il ne put jamais la rattraper et qu’elle s’envola de plus en plus haut, disparaissant dans les nuées… Ainsi erra-elle durant un siècle, au gré du vent, avant de terminer son long périple à mes pieds, là où elle aurait dû se trouver il y a si longtemps !
J’en fus ému, et particulièrement heureux.
Mes parents auraient sûrement aimé lire les quelques mots affectueux tracés d’une écriture tremblotante, mais tellement sincères ! Je garderai très précieusement cette carte, et remercie le ciel de me l’avoir rendue !
KD44♫