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Il était parti en toute hâte, bille en tête !

Le client lui avait parlé de l’urgence de son besoin, du fait qu’il n’avait pas satisfaction de son prestataire depuis un an et il mentionna une recommandation positive reçue à son égard.

C’était un vendredi, ils étaient d’accord sur les tarifs et un contrat devrait être officialisé la semaine suivante. Adrien était parti tête baissée, comme le bélier qu’il est, galvanisé par :

L’urgence de la situation

La reconnaissance qu’il avait obtenu d’une recommandation interne

L’efficacité ressentie de la part de l’entreprise et sa volonté d’aboutir.

Adrien avait travaillé d’arrache pied, le samedi, dimanche et lundi, pour être prêt le moment venu. Tous les moyens dont il dispose ont été engagés pour débusquer les pistes de solutions à mobiliser le moment venu.

Mardi matin, il était prêt à appuyer sur le bouton et donner satisfaction à son nouveau client en une ou deux semaines. Leur constat d’impuissance depuis douze mois avec son concurrent lui paraissait tellement hallucinant, que s'était-il passé ?

En arrivant au bureau, ce mardi, il s’aperçut qu’il avait un message. Il eut du mal à comprendre ses motivations, dans un premier temps, mais le client lui signifie bel et bien qu’il ne retient finalement pas son offre.

Dure déception. Tout ça pour ça, se dit-il !

En tentant d’analyser le pourquoi de ce revirement, il s’aperçoit que les discussions internes, dans l’entreprise, apparaissent dans l'historique du mail.

Il réalise alors qu’un mystérieux concurrent, inconnu au bataillon, sans expérience du secteur, s’était aligné sur le même tarif, mais sans demander aucune avance. Il emporte l’affaire, sans avoir les compétences, sur le seul critère que l’entreprise ne s'engage pas financièrement.

Une prime au travail au noir en quelque sorte, car l’opération demande des moyens et du temps. Ils appellent cela : travail au succès. C’est en réalité un travail à l’échec garanti.

Tout le monde est sur l’affaire, sans que personne le soit vraiment. Adrien comprend maintenant pourquoi l’entreprise, si peu engagée, se plaint que ses fournisseurs ne le soient pas.

Le plus curieux est que lui, Adrien, face à un artisan qu’il emploie pour une mission, paye trente à cinquante pour cent de la facture à la commande et le solde dès que le travail est terminé. Ça lui parait normal et respectueux.

Que s’est-il passé pour que les dirigeants de sociétés se comportent avec autant de négligence, par rapport aux travailleurs indépendants ? et contre leur intérêt ?

L’union libre a remplacé l’alliance durable, même en entreprise !

La morale de l'histoire est qu’Adrien évitera de se mobiliser, à l’avenir, en partant en toute hâte, pour un client qui ne s’engage pas, même pour ses propres sujets stratégiques.

Nicolas - 83