COURAGE... FUYONS !
Effectivement des formes s’imposent -comme dans la photo- à l’intérieur d’une orange le corps d’une femme, des moutons dans les nuages ou dans le marc de café. Moi je garde, à Pâques, l’image d'un joli et pittoresque village perché des Alpes de Haute Provence et surtout de son église qui, en levant le nez depuis la route semblait suspendue tel un jouet oublié aux branches d’un immense pin Sylvestre.
L’endroit était charmant, bucolique à souhait presque on attendait la bergère et son troupeau. C’est parce qu’au mois de Mai j’y avais trouvé calme et sérénité que j’y suis retournée aux dernières vacances de Toussaint, et là , la vision fut tout autre, saisissante quasi apocalyptique. D’en bas l’église était en proie au brasier des branches flamboyantes de la vigne vierge dont les bras de feu montaient jusqu’au toit. Un incendie automnal d’une rare violence. L’arrivée ne fut pas plus paisible.
Le porche qui m’avait paru si élégant au printemps, semblait par les jeux d’ombre, s’être épaissi et sa grosse porte arrondie béait comme la bouche d’un ogre prêt à nous happer tout vif. Son linteau de bois noir sculpté : sa moustache et de part et d’autre une cavité enchassait un saint mais celui gauche avait perdu la tête et la niche de droite abritait un chat noir famélique tout droit remonté des enfers assurément. à l’édifice un aspect féroce.
Mais le plus sépulcral fut lorsque, dans le brouillard, les deux cloches tintèrent en alternance deux sons graves et lugubres. L’écho nous renvoya très distinctement un ' A Moi.. A Moi dans la résonnance.
Courage...fuyons !
🐭La Souris 83
