C’était une belle après-midi d’été. Je lisais, sous la tonnelle, affalée sur la balancelle. L’ouvrage m’emportait ailleurs, dans un univers fabuleux. Plus rien n’existait autour de moi. Je faisais fi du bruissement des feuilles des muriers platanes, du souffle discret du zéphyr, des cris des enfants qui jouaient dans le jardin. J’étais bien.
Lorsque mon cerveau malgré moi connecté à la vie me transmit un message m’informant de craquements, de chuchotements, j’éludais ces informations. Les enfants jouaient sans doute à cache-cache et avançaient à petits pas sur les graviers ou simplement une illusion acoustique. Je ne voulais rien savoir, seuls m’importaient la lecture de mon histoire et m’attarder dans mon cocon de bien-être le plus longtemps possible.
Les craquements devinrent crissements, les chuchotements, murmures puis voix audibles. Un coup de sonnette strident, fort appuyé à la porte du jardin mit fin à ma léthargie. Je sursautais, maudissant l’empêcheur de mon nirvana. Néanmoins, redevenant moi-même j’allais ouvrir à l’intrus. Je restais bouche bée, un groupe de personnes à première vue, inconnu, chapeauté, paré de lunettes de soleil me saluait en riant. L’espace d’un instant je fus entourée de toute ma famille les bras chargés de victuailles, de fleurs, de cadeaux. Et tels des personnages rodés, ce petit monde impromptu installa instruments de musique, sono, dressa un buffet. Chacun connaissait son rôle, s’adonnait à une tâche précise. Je ne savais plus où donner de la tête, une girouette bousculée par des vents contraires. En un temps, trois mouvements, Les musiciens s’accordèrent, le chef donna le La, des voix s’enhardirent, quelques rires, le chorus du violon et l’on chanta : Bon Anniversaire ! quelle émotion.
J’étais étourdie, je ne m’y attendais pas, pourtant ils s’étaient tous concertés autour de moi bien avant ce jour précis.
Les agapes furent réjouissantes. Les bruits, la musique n’étaient plus trompeurs, j'étais heureuse de les entendre.
Zuzanna83
