logo esterel

En pyjama, hirsute, baillant à m’en décrocher la mâchoire, en traînant mes savates j’entrais dans la cuisine afin d’y boire un bon bol de café pour me réveiller.
Mariette, notre dévouée et adorable employée s’activait déjà pour concocter le repas de midi.
Me voyant arriver, le nez dans ses casseroles, elle me dit, avec son accent typiquement bourguignon : « ça sent un drôle de goût ! »

Je me demandais alors comment une odeur pouvait avoir une saveur particulière…
Eh oui, elle n’avait pas tort, Mariette ! Elle possédait le bon sens des gens simples de la campagne, habitués à la nature, la vraie…
Sirotant mon café je méditais sur cette évidence : nous vivons en fait dans l’illusion permanente et trompeuse… et je me dis qu’il ne serait pas inutile d’en prendre conscience.
Après m’être habillé je sortais dans l’immense parc de la propriété et tendais l’oreille…
Rien que le bruit de mes souliers sur les graviers attira mon attention... je croyais que quelqu'un me suivait… il n’y avait personne, bien-sûr…
Au loin, provenant de l’église du village, une cloche sonnait pour appeler les fidèles à l’office du jour. Dans ma tête se mit alors à tourner un thème musical bien connu que Robert Planquette composa dans « les cloches de Corneville » : SONNE , SONNE , SONNE, JOYEUX CARILLON… Je trouvais cela très amusant. Mais très vite je fus pris d’une frayeur épouvantable, pensant au magnifique poème d’Aloysius Bertrand « le gibet » : C’EST LA CLOCHE QUI TINTE AU MUR D’UNE VILLE SOUS L’HORIZON…
Je m’arrête là, car la suite vous ferait dresser les cheveux sur la tête !
Comme quoi tout est trompeur...

KD44♫