Non ! Ce n’était pas une magnifique fontaine mais un très beau puits bien installé au milieu du massif principal, il était 'l'œil' qui surveillait entrées et sorties.
Surmonté d’une ferronnerie à laquelle une poulie reste accrochée et sur le muret de pierres un chat noir trône pompeusement sur son derrière.
L’un n'allait pas sans l’autre aussi loin que remontent les archives, on les voit sur les photographies, les dessins et même les gravures de presque trois siècles. Était-ce un descendant de toute cette famille Mistigri tout noirs avec juste le bout de la queue blanc ainsi que l'intérieur des oreilles.
Témoins muets des confidences, des demandes en mariages des sourires de conivence...
Le puits veillait, gardait son œil froid bien ouvert, parfois le chat se permettait un regard goguenard, fouettait la pierre du puits l’air de dire : t’as vu...
Mais ce soir-là ce fut bien différent.
La lourde porte en chêne ouverte à la volée... les marches du grand escalier descendues deux par deux ... puis un hurlement traversa le jardin précédant le plouf qui mit un terme à cette jeune vie désesperée.
Ce grand cri avait fendu le regard glacé du puits.
On actionna la poulie, descendit l’échelle de fer pour remonter le petit corps...
Le puits des 'larmes' fût fermé, scellé. Une croix fut posée àcôté.
Un mistigri veille religieusement sur un carré fleuri régulièrement à chaque passage à l’heure d’hiver.
🐀La Souris 83
