Un retour en arrière à mes douze printemps. Ce puits était le carrefour de l’activité et générait la vie par les ressources aquifères qu’il captait pour l’ensemble des êtres vivants sur les terres de la propriété des grands-parents.
Des anecdotes pour illustrer mes propos ; le puisage de l’eau pour se laver le bout du nez et le reste, le lavage des légumes pour la cuisine, le remplissage des abreuvoirs pour les animaux, sans oublier les coups de gueule du grand -père, aux périodes critiques de sécheresse, qui menait une chasse contre le gaspi avec force décibels dans la voix.
La ferme était une fourmilière, tellement ça grouillait.
La sécheresse sévissant de plus en plus, la décision fut prise de construire un deuxième puits et dans les jours qui suivirent, un radiesthésiste fit son apparition.
Lorsqu’il ouvrit sa valise de travail, je vis deux baguettes à deux branches. Elles comportaient chacune, une poignée dans laquelle évoluait une tige coudée.
M’adressant la parole, il me dit :
<< Tu vois petit, ce sont des baguettes de sourcier et grâce à leur sensibilité, je vais découvrir la zone où se trouve l’eau. Tu veux la chercher avec moi ? >>
<< ah oui lui répondis-je >>
Il les saisit, enserra les poignets dans ses mains, souffla très profondément et d’un pas martial, se dirigea les bras tendus devant lui vers la zone définie par le grand-père.
Pas un mot ne sortait de sa bouche, la concentration primait. Moi derrière j’en faisais tout autant.
Cela faisait une heure que l’on tournait et les baguettes restaient muettes. Lui stoïque poursuivait sa marche de sapeur, fort de son expérience. Moi, ma patience s’effritait ainsi que mon engouement pour cette découverte qui restait confinée
Mais, le moment divin arriva, les tiges s’orientèrent toutes les deux dans la même direction, indiquant la présence d’un gisement.
Ce fut un plaisir intense qui se manifesta en son for intérieur et dans cette euphorie soudaine il m’invita à prendre en main les baguettes. Tel un professionnel de la recherche souterraine, je réussis la localisation et dans ma joie imaginaire, j’entrevoyais même une mare.
Mon cœur d’ado battait à l’unisson et les jambes à mon cou, je courus vers le grand père pour lui annoncer la nouvelle.
Aujourd’hui, l’eau n’est plus puisée, elle est en sommeil. Elle court dans des canalisations comportant des robinets qui s’ouvrent et se referment et parfois, voire souvent, ils restent ouverts.
Ce puits, fait parti de mes souvenirs. Nous avons un passé commun qui valorise nos rencontres et les rend toujours très chaleureuses.
Sujet 257………….mon puits……………André………………..31510…………….Labroquere
