J’adorais me cacher, dans la maison ou dans le jardin. On m’appelait et je ne bougeais pas, une vraie joie m’envahissait. Une manière d’attirer l’attention en étant invisible.
Le jardin des voisins m’était interdit, jusqu’au jour où le portillon le séparant du nôtre était ouvert.
Je suivais le chat qui avait l’habitude de passer entre les barreaux, pour lui rien d’exceptionnel, il se jouait des clôtures. Je connaissais la partie proche avec quelques arbres fruitiers, un potager négligé et le chenil vide ce jour-là. Le voisin, chasseur s’absentait le dimanche en ce début d’automne.
Bientôt maman crierait mon nom, pour le goûter et les devoirs à terminer. En remontant le long du grillage, je cueillais quelques framboises tardives. Je découvris un muret en pierres assez bas. Une plaque de tôle le recouvrait en partie. Je le repoussais de toutes mes forces et découvris un trou noir, un puits. Je fis tomber des cailloux, pas de plouf indiquant de l’eau au fond. Il y avait comme des marches formées par des pierres. Il était facile de descendre. Je me retenais aux branches de lierre, j'avançais prudemment mais une pierre s ‘éboula et je roulais avec un peu plus bas. J’avais glissé sans dommages en dehors d'égratignures aux mains. Un vieux seau cabossé et des broussailles tapissaient le fond.
J’envisageais de remonter, ma progression était impossible, les pierres disjointes ne demandaient qu’à tomber. J’appelais le chat, il arriva et miaula puis reparti. Il faisait sombre dans ce trou, bientôt la nuit tomberait. Je savais que cette bêtise serait sévèrement punie, des larmes mouillaient mon visage. J’entendis mon père crier « où est tu ? « ma gorge serrée ne laissait passer aucun son. Le chat revint suivi de mon père, « je vais chercher une échelle, j’arrive cria-t-il ! « Je soufflais, malgré la crainte d’une bonne correction.
SYLVIANE 🐿83
