Un soir d’automne rouge et or, il avait rencontré ce curieux personnage. Un véritable coup de foudre amical. Subjugué, il avait été séduit par son allure sportive, la coupe de ses vêtements sur mesure et surtout par l’aisance en toute circonstances de ce beau parleur. En somme tout dans l’apparence, le paraître !
Plus il le fréquentait en soirée dans les clubs chics, plus son influence prenait le pas sur sa timidité naturelle de jeune homme. Comme lui, il se mit à fréquenter les mêmes lieux, se faisant coiffer par le maître des stars. Il lui ressemblait de plus en plus, boucles mordorées, pour lui et pour son presque Dieu affichant quelques fils gris aux tempes. Sa garde-robe embellie de quelques complets de belle facture. Folie douce, il y ajoutait des foulards Hermès de soie sauvage, gardénia à la boutonnière et pochettes griffées. Place des Vosges à Paris, chez un maître joaillier, les ateliers lui avaient créé une chevalière à tête de licorne aux yeux de diamant. Il se sentait grandir, prendre de l’ampleur. Pas certain que son banquier délie ad vitaemeternam sa bourse !
Au vestiaire du Club, un soir en retard, tardant à déposer sa veste, il entendit de fâcheuses remarques sur son compte. Clairement il comprit l’indisposition de son Ami à son encontre, apprendre le surnom dont il l’affublait en privé : le clone triste … Coup de poignard en plein cœur.
Son sang ne fit qu’un tour, rejoignant la demeure de son soit disant ami, au saut du lit il exigerait des explications. Quelques minutes d’attente, la porte s’ouvrit. Vérité crue et cruelle : devant lui se tenait un vieil homme voûté, pratiquement chauve, le teint blafard, où donc était passée sa magnifique dentition au sourire carnassier … Et cette bedaine relâchée qu’une gaine devait habituellement contenir ! Quel diable ce Faust !
Le miroir aux alouettes s’en était allé.
78 C💜thy👩🏻🦯🦮
