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Il ne se retourne pas, jamais. Il marche fièrement, même si sa silhouette n’est plus aussi droite qu’auparavant. Après lui, le déluge.
Il a peut-être des circonstances atténuantes. Une enfance qui explique son comportement. Son attitude hautaine copié sur un proche, « porter beau » n’est pas un défaut, mais il faut assumer l’altitude pour ne pas être pris de vertiges.

Il a longtemps travaillé dans un lieu où l’on doit paraître avant d’être soi. Forcément il a pris le pli, costumes impeccables, souriant et crispé et salutations distinguées. Il s’est vite aperçu que son charme attirait les femmes. Toutes, de la secrétaire à l'épouse du maire se pâmaient quand il apparaissait aux courses, au Casino, sa petite cour en quelque sorte.
Quand C. le rencontra, il mettait fin à son premier mariage. Elle le crut quand il lui promit qu’un jour ils seraient réunis. Mais une deuxième épouse pointait son nez, et lui donna un fils. C. Mal mariée de son côté, attendrait. Quelques années passèrent.
Un jour il vint la chercher, après avoir retrouvé sa trace dans le Luberon. Elle lui fit confiance, ils s’installèrent à Paris et se marièrent. Puis la retraite arriva, ils partirent dans le Val de Loire.
C. passionnée de jardinage remaniait le jardin, plantait des rosiers, élevait des chats précieux. Il s’absentait fréquemment pour ses affaires. Quand il revenait avec une aura d’importance mystérieuse et si charmant, C. retrouvait l’homme dont elle s'était éprise des années plus tôt. Un jour elle eut des problèmes de santé, un très mauvais diagnostic fut établi. Malgré ses quinze ans de moins elle serait dépendante de lui.
Grand seigneur, il lui a laissé la maison. Il s’est installé ailleurs, toute honte bue.
Sylvia 🐿83