Cela prêtait à faire rire et surprenait toujours, les "ch et les z" s’invitaient à chacune de mes phrases, remplaçant les" s, ç ,et les j". Je traînais ce défaut de prononciation depuis toujours.
Suite à la visite médicale du collège, il fut décidé avec gravité qu’un suivi chez l’orthophoniste serait indispensable. Ce métier n’était pas répandu comme aujourd'hui.

C’est ainsi que du haut de mes 11ans peu rassurée dans cette salle d’attente, je m’installais dans un coin..
Mon tour arriva, Florence une jeune femme à chignon me fit entrer. Elle me demanda mon prénom et me posa quelques questions. Et je lui déposais tout mon fatras de sons improbables.
Très rapidement, le courant passa bien. Les exercices oraux de bruitages de sons, le correct positionnement de ma langue, tout un savant mélange de son choix portèrent ses fruits. Les progrès arrivèrent au fil des séances.
Avec bienveillance, elle m’encourageait. J’aimais le théâtre de Moliere dont je lui récitais les tirades. Je lui faisais toute confiance. Elle était heureuse aussi des résultats. Nos rendez vous s’espacérent. Le défaut avait été dompté. C’était une belle victoire.

Agnès 83