Dans le bureau de vote de la petite mairie je sors de l’isoloir, fier d’avoir rempli mon devoir civique.
J’espère que le candidat pour qui j’ai voté, en qui j’ai confiance, sera élu !
Effectivement, le soir-même il est annoncé vainqueur haut la main. C’est la liesse dans les rues du village !
En grande pompe, notre nouveau maire est installé, ceint de l’écharpe tricolore aux glands dorés, coupe de champagne à la main, photographié pour la feuille de chou locale… c’est la gloire !
Oui mais…
Pour lui faire part de nos revendications nous devons nous rendre non à la mairie mais au bistrot de la Place de l’église, dont il est le propriétaire et le gérant !
Les mois passent… Ne voyant rien changer dans notre petite commune je perds patience, note ce que je souhaite obtenir de sa part, et me rends au fameux troquet. Là, j’explique au maire le problème du petit chemin vicinal rendu impraticable, pourtant le seul moyen d’accéder à ma ferme !
Aussi rouge que son vin (il est également propriétaire de la vigne …) il m’écoute entre deux verres généreusement remplis et offerts, comme il en offre sans arrêt à tous ses administrés… et me répond invariablement avec son lourd accent bourguignon : « ben mon gars, débrouille-toi ! »
Je comprends m’être bien fait rouler dans la farine… tout ça pour quelques bons coups gratuits !
J’ai perdu toutes mes illusions… et continue de cahoter lamentablement sur ce pauvre petit chemin complètement défoncé.
KD44♫
