Le jour passe entre les lames plus ou moins disloquées du vieux store vénitien.
Ma petite sœur et moi nous réveillons, nous levons, et allons dans la cuisine où nous trouvons sur la table le petit-déjeuner que notre maman nous a préparé avec soin avant de partit tôt faire des ménages dans le quartier voisin du nôtre, nettement plus chic à tous points de vue !
Après un semblant de toilette de chat, nous descendons pour aller jouer dans le petit square situé au pied de l’entrée de notre modeste HLM.
Du quartier chic voisin une dame au grand cœur nous avait repérés… constatant que nous étions bien seuls, nos copains étant tous partis en vacances…
Elle vint vers nous, tout sourire, un sac de toile à la main.
« Bonjour les enfants, j’ai deux surprises pour vous ! La première est celle-ci » dit-elle en sortant du sac un grand plat enveloppé dans du papier alu. « Regardez, je vous ai fait un beau gâteau au chocolat ! Surtout, il faut en garder une belle part pour votre chère maman qui travaille si dur ! »
« Mais ce n’est pas tout ! Je tiens à vous offrir ceci... » Délicatement elle prit dans le sac une bouteille dans laquelle reposait fièrement un très joli bateau trois mâts admirablement réalisé.
« Voyez-vous, les enfants, ce bateau a été construit par mon grand-père qui travaillait dans la marine marchande. Il l’inséra dans cette bouteille selon les règles de l’art, et me l’offrit quand j’avais sept ans… Chaque fois que je le regardais je me sentais partir, voyager sur les mers vers des îles mystérieuses… des paysages luxuriants… des animaux libres, heureux… des lieux de paix où j’aurais voulu vivre tout ma vie ! »
« Prenez, mes petits, je vous le donne. Laissez-vous aller à rêver en l’observant, imaginez les paradis auxquels vous aspirez, rêvez, rêvez, rêvez !!! Vous connaîtrez des trésors incomparables »
Nous étions émerveillés, nos regards scotchés sur ce bateau aux pouvoirs insoupçonnés…
Lorsque nous relevâmes nos têtes, la dame était partie, sans bruit…
Nos cœurs battaient fort ! Nous aurions tant voulu l’embrasser, la serrer contre nous...
KD44♫
