"Ouvrez la cage aux oiseaux"...
Du plus loin que remontent mes souvenirs d'enfance, les plus beaux, les plus intenses avaient pour cadre la campagne de mon grand-père où les interdits étaient rares.
On parvenait à sa ferme par un chemin chaotique au bout duquel l'on découvrait mon Paradis ! Un froid après-midi de novembre où ma mère me demandait de rentrer, je lui ai répondu : Ma vie c'est dehors !
J'avais environ 6 ans... Les jeudis et les vacances à la ferme m'ont laissé un parfum de liberté incroyable: Aucune clôture, mis à part celle du pré où ruminaient inlassablement les deux vaches au regard étonné.
Chez Pépé, c'était la maison du Bon Dieu... Un simple portillon à pousser et nous arrivions dans la cour ombragée par une treille dont les grappes gorgées de soleil rendaient folles les abeilles.
Non loin de la maison chantonnait une source dans laquelle à chaque printemps poussait le cresson croquant à l'odeur si particulière.
Pêches, poires ou légumes selon la saison, pas question de repartir les mains vides : Un refus était perçu comme un outrage pour ce coeur généreux : "Ouvrons la cage aux oiseaux" !
Pas toujours facile quand ce coeur emprisonné est si à l'étroit qu'il peut à peine battre...
Comment parvenir à donner si l'on n'a rien reçu ?
Essayer encore et encore jusqu'à faire tomber d'invisibles barrières.
COLETTE 83
