« Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez-les s'envoler, c'est beau
Les enfants, si vous voyez
Des petits oiseaux prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté »
Le poète chantait et les enfants dociles libéraient canaris, perruches et bengalis. Tous les Mistigris des environs, ravis d’un peu d’exotisme dans leurs tableaux de chasse, apaisaient la mauvaise conscience qu’ils n’avaient pas en prétendant abréger les souffrances des petits fugitifs aux ailes inexpérimentées, incapables de bien se nourrir et de résister à la froidure.
Le poète chantait et les enfants pleuraient mais certains, devenus grands, comprenaient que le mieux était de ne jamais ouvrir la porte d’une cage pour y séquestrer serins, tigres ou marmousets.
Le poète chantait le malheur des petits oiseaux prisonniers et dessinait en filigrane toutes les cages aux barreaux invisibles dans lesquelles, sans répit, tentent de nous enfermer mille voleurs de liberté.
« Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez-les s'envoler, c'est beau »
Françoise 57-83
