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245/CET AIR QUI VIENT DE LOIN
C'était dans une vie, une vie d'avant. Il y a bien longtemps ... Dans ma jeunesse romanesque, prise d'une passion pour les fouilles archéologiques, j'étais partie à la recherche d'un trésor ! Oh pas le mien ! Celui enfoui d'un roi qui en même temps aurait pu faire ma fortune, si je l'avais découvert !


Nous travaillions accroupis ou assis en tailleur sur le sable en chantonnant dans une odeur mêlée d'encens et de patchouli. L'ambiance était studieuse, seule cette mélodie à peine murmurée aurait pu passer pour une fantaisie si elle n'avait pas été toujours la même. En fait, elle nous enfermait en nous empêchant déjà de converser. Plus de diversion possible, elle était à elle seule la concentration, le creuset dans lequel bouillonnaient nos pensées entièrement dirigées sur nos recherches. Nous n'avions même plus conscience qu'elle avait un début encore moins une fin. Ce n'était pas un air dansant, non, plutôt une sorte de mélopée, comme une chanson de tendresse et, maintenant que je vous en parle, étant dans une langue étrangère, je n'en connaissais même pas la signification. Un peu lancinante, après le repas de midi elle devenait berceuse et nous tanguions en nous laissant voguer sur une étendue turquoise vers des rivages inconnus de sable rose.
Le soir et juste avant que la nuit tombe, sous le souffle léger du couchant elle ondulait sur les vaguelettes de sable fin... si fin d'une mer aux reflets d'or pâle.

Ayant quitté ce travail de recherches et le pays aussi, je n'ai plus jamais fredonné, ni même entendu cet air là jusqu'à aujourd'hui où quelqu'un derrière moi me le sussure dans le cou...
Je n'ose même pas me retourner mais je sens cet effluve sensuel d'encens et de patchouli...
🐭La Souris 04