Ce sont les enfants qui en ont eu l’idée !
Installer un épouvantail à moineaux dans le carré préféré du jardin où étaient regroupés cassissiers, groseillers à maquereaux, framboisiers. Ils baptisèrent Pétrichor, ce pantin à l’ossature de balai, harnaché de déguisements hétéroclites bariolés.
Il était si coloré, si souriant que les oiseaux nullement effrayés se posaient sur ses bras articulés en bouteilles de plastique, le gosier rempli de fruits et gazouillaient à qui mieux mieux. De jour en jour, l’endroit devenait de plus en plus investi, pigeons, pinsons, rouges-gorges s’y restauraient. La marionnette se sentait inutile.
Un matin venteux, il penchait gravement. On lui bricola une seconde jambe de bois avec un manche de pelle. D’unijambiste, il devint bipède. Régénéré, dopé par cette transformation, il s’enhardit à faire ses premiers pas sur le chemin de la liberté. Bousculant les groseillers qui agrippèrent et arrachèrent ses bras rebondissant sur le sol, Il se dégagea, s’enfuit cahin-caha, tel un pingouin sur la banquise.
Apprenti marcheur, manchot, Il clopinait, sur les chemins de campagne, heureux d’observer un panorama inconnu se dérouler autour de lui.
Il sentait dans ses fibres de bois poindre les prémices de la vie. Il n’était plus le prisonnier, gardien entravé dans la terre du jardin aux fruits rouges. Ses amis les oiseaux l’escortaient. A la nuit tombante, Il s’adossa contre un grand pin. La lune qui folâtrait entre les nuages lui fit un clin d’œil. Il s’endormit debout comme les chevaux. Au matin, le soleil darda ses rayons sur ses yeux compact-disc. Son regard étincela. Des sensations inconnues envahirent sa tête paillée, des odeurs étranges excitèrent son nez factice. Une vie miraculeuse le pénétrait, créait des connections bizarres. Tout devenait possible, à l’instar de ce pantin
de Pinocchio !
Zuzanna83.