Où va t-il avec son pas de cigogne entre les bosquets qui bordent les champs, et les prés écrasés de soleil. Son chapeau troué lui couvre à peine sa tête de paille jaunie. Il se sentait à l'étroit, toujours des limites pour contenir, et serrer.
S’il était un oiseau, il y a longtemps qu’il se serait évadé. On lui a posé des bâtons noueux comme jambes. La liberté pour respirer, voilà ce qu’il désire. Il voit bien l’été avancer vers une fin programmée. Les épis sont mûrs, bientôt fauchés.
Les mouettes le narguaient, pleines de leur pouvoir de planer le bec au vent, rieuses, moqueuses tournoyantes au-dessus de son ombre.
Des enfants sont venus au matin, chahuter sur le chemin, on lui a ôté son chapeau de feutre. Sa tête tout à coup est apparue, deux trous noirs à la place des yeux. Ils se sont éparpillés en criant apeurés. Le bonhomme désaccordé fuit sur le chemin qui bascule de la falaise dans la mer. Encore quelques enjambées et il sera au bord.
Deux bâtons noueux, quelques hardes ont été retrouvés en lisière d’un champ. Un fait divers, une blague des enfants du camp de vacances.
SYLVIA. 🐿83