L'épouvantail à moineaux s'est fait la malle un jour de grand vent ! Seul son chapeau de clown est resté prisonnier des branches du cerisier.
La fermière crie à son mari : "l'Auguste a profité des rafales de vent pour disparaître, il était fatigué de monter la garde, d'être harcelé par les abeilles et moqué par les étourneaux. De plus il n'était plus très frais, il avait besoin de vacances. Lui, à demi désarçonné par le vent s'est enfin libéré de ce carcan qui le retenait prisonnier..., Fuir, il voulait s'échapper loin de la campagne et sans attendre, il a chevauché le vent en quête d'autres horizons. Conscient de son délabrement car le soleil et la pluie ont eu raison de son maquillage dont le rouge et le noir lui ont dessiné de larges cernes sous ses yeux éteints. Quant à son costume, dont il était si fier, il part en lambeaux mais qu'importe, il doit s'éloigner.
Le vent complice ne faiblit pas et l'emporte joyeusement sous d'autres cieux et peut-être espère-t-il vers un avenir meilleur.
COLETTE 83