Dans ce monde végétal exubérant, une herbe a un coup de cœur pour un coup de vent. Elle s’envole, voyage et se pose sur un nénuphar géant.

- « Oh, chère amie, quel plaisir de vous voir, je vous attendais depuis si longtemps, » s’écrie une herbe sœur.

« Installez-vous, ma Belle. Vous arrivez à point pour le spectacle du soir. Que puis-je vous offrir ? Voulez-vous vous installer sur mon canapé lotus ? C’est le tout nouveau modèle, je l’ai choisi fuchsia. Vous plaît-il ? Mais je m’emballe ! Vous venez tout juste d’atterrir et je vous abreuve de mon discours alors que vous avez sans doute besoin de vous poser. Au fait, je m’appelle Herbert. Et vous chère enfant ?

- Heu, Herbelette, quelle coïncidence ! Oui, je vais me reposer quelques instants, si vous le permettez. Auriez-vous une goutte de la rosée du jour par le plus grand des bonheurs ? Ce long voyage m’a donné la pépie.

- Tout de suite, ma Belle. Voilà. »

Herbelette s’installa sur le lotus, son philtre à la main. Elle s’assoupit rapidement. Quand elle reprit conscience, Herbert était assis à côté d’elle, à une distance respectable. Le ciel s’était tinté de couleurs layette dignes d’une œuvre de Poussin. Ses yeux s’ébahirent devant tant de beauté.

Les deux nouveaux amis restèrent longtemps sans parler, à admirer les cadeaux du ciel. Les roses et les bleus clairs firent place à un bleu profond, bientôt indigo. Une myriade d’étoiles parsema le tableau comme si un artiste s’était amusé à saupoudrer le paysage céleste de paillettes scintillantes. Les grenouilles s’étaient tues et le silence les berçait. Leur patience fut récompensée par l’apparition d’une étoile filante. Ils firent chacun un vœu, se demandant ce que l’autre avait bien pu souhaiter et remerciant le ciel pour cette rencontre magique.

Françoise83