241/ PARADIS
Rien n'aurait pu m'empêcher d'y aller voir. Aux premières pages, Henri Bosco nous parle d'un âne, curieux personnage que cet âne ! Si vous lisez jusqu'au bout, peut être arriverez-vous au jardin d'Eden, après quelques transgressions. Il vous faudra sortir du village par un sentier qui monte vers la colline, ce sera le jardin le plus singulier à la ronde à première vue, un jardin comme beaucoup.
Un carré gagné à la force du poignet, une enclave dans la forêt, peut être. Non pas le jardin de mon oncle, une allée centrale et des carrés symétriques : alignés à chaque plat, entrée, dessert; radis, haricots verts à toutes saisons, et quelques arbres d'ombrage offrant leurs fruits. Quelques fourrés épineux abritent groseilles à maquereau ou baies rouges acidulées disputées aux oiseaux. Pas davantage le jardin du curé attentif aux plantes médicinales, aux aromatiques, menthe, ciboulette, oseille. Une pointe d'ail pour la soupe cailloux, à la bonne volonté de ses ouailles qui la complètent de leurs dons.
Ce jardin là, des gredins, des dénicheurs l'ont deviné. Mais, il est bien gardé ! On sait seulement que l'âne en redescend parfois tout bâté. Au village, sa provende déposée, il repart, ses deux couffins remplis de pain, d'outils, de ce qui peut aider un jardinier, au petit trot. Il recueille des confidences comme autant de chardons délicatement machés de ses lèvres ourlées sur des dents jaunes. Au loin, bien sonore, l'âne culotte se rit de nous.
Claud'ours 83🐼