237/LES CAILLOUX BLANCS.
Pendant les vacances, le premier levé avait pour mission d'aller au pain. La camionnette du boulanger avait trompetté à la croisée des chemins. L'enfant que j'étais courait entre les vignes, pieds nus sur le sentier mordoré de mica afin d'être le premier à embrasser la miche de quatre livres. Sur mon cœur, j'écrasais sa croûte chaude et odorante. La baguette, attaquée à bonnes dents, ce serait pour plus tard en montant les étages à Paris...
Pour marcher chaque jour, je vais au pain... Je m'essaye à un air entraînant « en passant par la Lorraine » ou « il suffit de passer le pont c'est tout de suite l'aventure » la boulangerie, grâce à son parking, est bien achalandée. Elle offre aussi une variété de produits incommensurable. Les vendeuses affairées demandent : et pour vous ce sera... ? Un café !
Voilà comment on attend, l'œil furetant, croissants, brioches Nanterre, mates -faim divers ! Tout vous tente, vous laissez passer les suivants, embrasser le décor, les glaces ornementées, la Céres ailée foulant les chaumes. Et, modeste, le bouquet de bleuets et de pavots gardé par les barbes de l'épi jaune. J'ai, grâce à cette vision, retrouvé ' l'esprit d'aventure ', je repars en chantant «de bon matin, j'ai rencontré le train » enchaînant avec la farandole de la de l'Arlésienne.
🐼Claud'ours 04