Après avoir conduit toute la matinée j’arrivais enfin à destination.
L’auberge, jolie bâtisse ancienne, se trouvait à l’entrée du village, au fond d’un paisible jardin. Après y avoir été accueilli, je déposais mes affaires dans ma chambre et décidais d’aller sans tarder visiter la cité médiévale, réputée pour sa beauté et ses nombreux artisans.
Le printemps était doux, le ciel lumineux, les fleurs s’épanouissaient au soleil… Un paysan me croisa, me saluant du haut de sa charrette remplie de foin, tirée par un bon vieux percheron.
La rue principale du petit bourg était entièrement pavée de larges pierres qui résonnaient sous mes pas. Une rigole centrale recevait constamment le contenu des bassines que les matrones vêtues de longues robes et portant les coiffes traditionnelles, venaient allégrement vider en faisant claquer leurs sabots sur les dalles.
Je découvrais les maisons, toutes à colombages, aux lourdes portes basses, certaines façades richement ornées de sculptures de bois peint représentant des personnages, certains fantastiques, animaux, gargouilles grimaçantes, leurs petites fenêtres aux verres épais et colorés sertis dans des croisillons de plomb ou d’étain… Des conduits de cheminées sortait une fumée noirâtre...
Je m’arrêtais un instant devant l’atelier du forgeron qui frappait un fer à cheval chauffé à rouge. Le bruit des coup de masse sur son enclume sonnait comme une cloche… L’artisan portait un grand tablier de cuir marron, et suait devant le brasier attisé par un immense soufflet actionné par une longue pédale. Un peu plus loin, une vieille femme, assise sur le pas de sa porte, faisait de la dentelle, jonglant habilement avec ses nombreux fuseaux. Une autre, plus jeune, façonnait de belles poteries dans une boutique joliment décorée… Soudain, mes narines furent saisies par une odeur fort alléchante. Je me laissais mener par ce fumet irrésistible jusqu’à la cour dans laquelle je vis un gros rôtisseur qui tournait à la main au-dessus des braises un cochon entier embroché.
Tout ce petit monde vivait comme au moyen-âge… et semblait parfaitement s’en contenter !
J’entrais dans la petite église, faiblement éclairée par les cierges… Une dévote zélée y faisait le ménage, et disposait sur l’autel une nappe de lin d’un blanc immaculé. Dans la tribune l’organiste faisait ses gammes, ayant du mal à coordonner ses pieds et mains ! Les fausses notes se succédaient… et énervaient tant le pauvre homme qu’il tapait de rage sur l’un des claviers du vétuste instrument !
Je sortis… cette visite avait été très instructive !
J’étais dans un autre siècle…
KD44 ♫