Ce port mythique s’ouvre sur le tumultueux Pacifique, océan dont Magellan connut l’accalmie : Nous l’imaginons contemplant les eaux placides bleu- vert sous un soleil incendiaire lors de son départ vers les Philippines.
Bâtie sur une multitude de collines, Valparaiso était la dernière étape de notre voyage fin septembre, au printemps chilien. Nous arpentons des ruelles tortueuses, des escaliers qui s’entrecroisent, dévalent vers le port, en admirant les maisons multicolores.
Certaines ont des murs lézardés par le dernier tremblement de terre, d’autres réchappées de l’incendie de 2014 portent encore des traces noires. Dans un autre quartier, de grandes villas pimpantes, de couleurs vives, sont transformées en hôtels, restaurants et cafés. Les murs du centre historique et les façades sont décorés de fresques multicolores, d’ex- voto, de trompe l’œil, de portraits, chefs d’œuvre du street art. Une exposition picturale à ciel ouvert classée au patrimoine de l’Unesco
Quelle exaltation de se perdre dans les venelles, aboutir sur une énième placette où un orchestre des rues, bandonéon, guitare et chanteurs aux voies suaves font danser la cueca et le tango aux couples enlacés. Plus loin, la voix d’Edith Piaf nous surprend. Un brin nostalgique de notre pays, nous remontons la source de la mélodie, qui nous conduit vers un café à l’ombre des caroubiers où le patron francophile passionné de la voix d’Edith, nous étourdit avec son verbiage franco hispanique. La vue sur le port est imprenable : les énormes bateaux marchands amarrés tout en bas, les containers bariolés, sont rangés comme des légos minuscules. Une délicieuse odeur de friture nous incite à gouter des poissons grillés très pimentés, des empanadas accompagnés d’un bon vin chilien. Une merveille ! Nous empruntons des ascenseurs brinquebalants, qui crissent, soufflent, craquent, de vieilles mécaniques unique moyen de locomotion. La ville est jeune, cosmopolite, crasseuse, tapageuse, bohème. L’ambiance bouillonnante nous ramène à l’hôtel tard dans la nuit. Impossible de dormir, dehors les chanteurs les danseurs y veillent, enfin la musique se délite, les dernières notes s’envolent, la nuit reprend un tour. Le calme est fugace, les aboiements des chiens errants prennent le relais avec les sirènes de la police. Enfin, l’heure bleue, un intervalle de silence avant le réveil des ascenseurs. Perchés sur le fatras des câbles électriques enchevêtrés, superposés, reliés d’une maison à l’autre, les oiseaux locaux pépient en nombre et en force. Une délicieuse et sournoise odeur de café se répand dans l’hôtel, chatouille nos narines. Une autre journée va commencer pour nous, la visite de la maison perchée de Pablo Neruda. Zuzanna83