231/EN BARBOTEUSE
Comment, par une belle matinée de printemps, résister au charme de la découverte au milieu d'une herbe verte d'un gentil trou d'eau claire, d'y faire trempette ? D'abord, du bout du pied, un frémissement, c'est qu'elle est fraîche !
Et puis, on m'attend...
Chaque jour, elle se rapproche ; ses amis l'accompagnent, d'autres se joignent en tenue de campagne, en pantalon à pont, gilet fleuri, canotier sur le chef. Peuh ! à peine une mare, un bosquet de charmilles, un coin laissé là... Le bétail s'y désaltère, le laboureur y pique un somme; un tableau champêtre pour un peintre du dimanche sans intérêt ; pas une guinguette alentours ! Loin de la table accueillante d'une hôtesse généreuse.
C'était pourtant, après la décrue de la Meuse sous la Blanche-Côte une bien belle eau. Qu'importe ! J'irai seul m'y baigner, je disposerai mes vêtements sur le rivage. Si tôt dit, si tôt fait. Pas un fil où les accrocher en plein vent pour qu'ils sèchent. Un vent léger, un nuage rose ! Ma tête disparaît quand je me tortille pour faire passer ma robe à pois de gourgandine. Sans hésiter, plouf ! Dans une gerbe de gouttelettes.
Quand, souriante elle sortit. Ses souliers vernis, ses bas, ses dessous avaient disparu, la robe flottait au loin portée par le vent dont Eros avait pris l'apparence.
Les bras croisés sur le cœur elle attendit. Elle y serait encore. Elle y est désormais dans un cadre doré, sur le mur de la salle à manger. C'est grand-père qui l'a croquée. Il était garde champêtre à l'époque. L'histoires ne dit pas si il a sonné du tambour pour donner un avis à la population...
🐼Claud'ours 83