logo esterel

230/UN MÉCÈNE AVISÉ
Dans la bonne ville de Nancy, c'était générationnel, chaque tranche d'âge avait ses modèles, ses fréquentations, tout en gardant une tradition de bienveillance et de convivialité. Chaque étage de la société était au courant des moindres potins, par une sorte de mimétisme à la façon des vases communicants.


L'académie des Beaux-Arts, côté peinture, était influencée par le maître Hilaire, une sorte de divisionnisme tant par la construction que par les valeurs. Papa, velléitaire, avait lâché son crayon gris, sa minutie, pour reproduire l'anatomie dans sa première année de médecine. Il se rattraperait... Qu'il fut marabouté par un artiste africain, on n'en doutait plus au vu des œuvres qu'il avait achetées, des toiles presque en relief, énigmatiques et sensuelles.
En parallèle, il encourageait sa femme, une artiste sensible et délicate qui lui adressait une partie de sa production depuis la place du Tertre. Ma sœur vient d'envoyer une galerie pour choisir, sur son téléphone.
Alors que dans notre Haute-Provence nombre de peintres exposent. Leur maison, leurs ateliers sont remplis de tableaux. D'aucun peignent au couteau pour mieux accrocher la lumière quand la peinture féminine, non dénué de force, se revendique d'un jaillissement plutôt que d'une école jacente. Le désir de reproduire, l'envie de créer anime les autodidacte vivant de leur passion, d'amour et d'eau fraîche. Léguerai-je moi aussi ma dernière acquisition : un olivier tout brillant sur une âpre terre rouge ?
🐼 Claud'ours 83