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229/MONOLOGUE DU CHAPEAU
Ou avais-je la tête ? Il paraît que je fus enfant dans cette maison abandonnée... Seul un chapeau s'en souvient.
Ah, s'il parlait !!! D'abord l' épousseter, ça le mérite. Et puis que faire maintenant de ce témoin gênant : qui en voudrait ?

Qui portera le chapeau ? Muet comme une carpe miroir, heureux comme un poisson dans l'eau. Mais qu'est-ce que j'ai dans la tête ? Le chapeau hochait du couvre-chef. Il commença à articuler une sorte de diphtongue se racla la gorge.
- Vois-tu, mon rôle est celui d'un gardien et plus encore , ce n'est pas pour me vanter. Je sais que tu m'as toujours ignoré, même assujetti sur ton crâne. Je m'imaginais protégé un tournesol, un savant, un poète, un musicien. D'une chiquenaude tu me jetais en arrière puis les doigts dans les bretelles, le gilet ouvert, tu joues les esprits forts. Ou alors, tu m'enfonces jusqu'aux oreilles dès demain, tu as un air crâne, tu me dévisses et m'envoie tourbillonnant sur le porte-manteau. Le perroquet m'accueille, je suis d'Arcueil, viaduc 2... Transi de froid, tu gardes ton par-dessus en suivant les lames du parquet pour rejoindre la fenêtre gardée par des toiles d'araignées, les vitres sont constellées de chiures de mouche. La croisée résiste, les volets rouillés protestent. Trop de jours d'un coup. Un broc sur la table, un bouquet desséché hommage à Bernard Buffet. Tout est à sa place. Pourtant la maison craque, le plâtre tombé laisse paraître un fin latis, on marche là-haut. Tu te souviens seulement du grenier, de la cave de l'apprenti tenue par le lierre, de l'herbe contre la marche de pierre, du temps qu'il faisait ? N'hésite pas, interroge, j'en ai sous la coiffe comme une vieille bigoudène ! Éructait le vieux bitos.
🐼 Claud'ours 83