Sur le terrain en pente douce, la petite caravane était installée entre un tas de bois, et un bosquet de noisetiers. La vue sur la chaîne des Aravis était magnifique, on touchait du doigt le toit de l’Europe. Du bord du lac, le pré semblait désert de toute habitation.
Ce n’était pas le cas du chalet voisin, il dominait le lac, les buissons et les arbres étaient tenus à distance par une pelouse parfaitement entretenue, une allée de graviers descendait sur le rivage.

Helena avait rêvé d’un joli chalet, bien exposé avec vue sur le lac. Peut-être la possibilité d’y installer une grande table pour les randonneurs, et un ponton pour d'éventuels canoës.
Elle remerciait chaque jour sa grand-mère, d’avoir conservé ce pré pour lui léguer. Son salaire de professeur de peinture, bien que régulier, n’était pas suffisant afin d’envisager la construction d’une maison. Malgré des cours particuliers, il lui faudrait des années d’économies pour réaliser son rêve. En fin de compte, la caravane convenait l’été, mais après le premier hiver, il fallait envisager autre chose.
À la suite de l’exposition organisée à la salle des fêtes, ses tableaux avaient fait l’objet de bons articles, un collectionneur Suisse proposait de lui acheter la série « Glaciers », il promettait de suivre ses créations, et sûrement arriveraient d’autres commandes plus conséquentes.
Cet homme lui apparaissait comme un être providentiel. Il l’appela sur son portable, lui proposa de la revoir, elle accepta sans arrière-pensées, juste flattée et ravie.
Sylviane 83