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A l’entrée d’un chemin empierré, sur une pancarte on y lit « A vendre, prix à débattre ». L’impression délavée n’augure rien de bon. Curiosité oblige, je reprends ma balade bucolique vers ce bien. Merveille que ce champ tout jaune de mimosas en fleurs, au parfum subtil !
Le vent de la mer, au tournant, m’assaille de toutes parts. J’ai le souffle coupé par la beauté des lieux, un panorama s’ouvre à moi sur ce bleu majestueux. M’approchant du bord de la corniche, la hauteur me donne le vertige. Tout en bas, les flots moutonnent sur les rochers rouges.

Demi-tour, devant moi s’offre un triste spectacle. La bicoque a dû connaitre de meilleurs jours dans des temps lointains … Le toit en creux, sur des murs moussus, rongés de lierre, la porte béante, presque de bois flotté, claque au vent. Les volets, encore attachés par un gond, grincent lugubrement. Je me risque à entrer, prenant garde aux gravas jonchant le sol de tommettes brunes. Tout y est délabré, la poussière et le temps y ont fait leur œuvre. Sur la cheminée, un cadre à la vitre fendue montre un couple de jeunes gens tendrement enlacés. Comme ils sont beaux les amoureux. Je continue l’exploration. Un canapé avachi, a servi de chatterie. Un véritable capharnaüm !

Soudain,, ces visages ont éveillé quelque chose, loin dans ma mémoire. En un clic et une photo, sur internet je trouve le drame : Nos petits amoureux, empêchés de se voir, et encore moins de se marier, par un froid matin ouaté de brume, ont fait le grand saut avec leur voiture. Accélérant, cette dernière a tout d’abord plané puis ce fut l'envol des anges, dans un plongeon magistral, couronné d’écume blanche. A côté, les rochers rouges … pour deux cœurs.