Ici, à la pointe, quand l’océan hurle, l’endroit est sinistre. On croit sa fin arrivée, on s’endort malgré tout, et au réveil le silence est encore plus inquiétant que le vacarme de la veille.
Voilà le panneau À Vendre, installé sur le terrain de la corniche. Les vrais propriétaires sont les goélands, et je ne crois pas qu’ils soient prêts à partager les lieux. La bicoque, a une vue imprenable sur la baie des naufrageurs. Les anciens ne l’appellent jamais autrement.
À quelques pas de la maison, une faille dans les rochers descend à pic vers la mer. Un garde-fou rudimentaire la protège. Il faut être fou pour envisager d’habiter là.
Si la visite se fait par grand beau, on tombe sous le charme de l’immensité de la vue sur l’océan, mais après quelques jours de pluie le brouillard s’installe avec l’écho de la corne de brume, tel un cri effrayant.
Dans mes souvenir, les enfants n’avaient pas le droit de venir seuls ici. Bien qu’aucune légende aucun avertissement, n'arrêtaient notre joyeuse bande. L’Ankou hante l’endroit, les noyés après les tempêtes, pendant des siècles étaient bien présents.
Maintenant, c’est un spot réputé des surfeurs. La bicoque pourrait servir de coffee shop,
une belle réconciliation avec le passé.
Sylviane 83